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en pèlerinage après la guerre », avant qu’il meure, prenons de ce jeune Provençal une dernière image dans la campagne de Bar-le-Duc :

Nous étions dans un verger, couchés, attendant des ordres. Je défendais aux hommes de cueillir des prunes ; on n’avait le droit de ramasser que celles tombées dans l’herbe, mais les petits des villages, qui nous suivent toujours, sont montés dans les arbres et ont secoué. Quelle pluie de mirabelles et que c’était bon…

Ô Jean-Jacques, voilà qui vaut mieux encore que votre cerisier d’Annecy et les deux demoiselles charmantes. Ici l’herbe est pleine de jeunes héros, et ce sont des gamins de Lorraine qui « hochent » les mirabelliers.

Une minute encore ; jamais nous n’aurons de ces jeunes morts trop d’esquisses, recueillons de celui-ci huit lignes rapides, un portrait moral, que je demande qu’à l’étranger on retienne comme le portrait type du jeune Français. Ceux qui en goûteront la mesure et la profondeur sauront