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hale le parfum de bonheur et de tendresse qui circule dans une maison heureuse, loin d’alanguir ce jeune cœur, l’affermissent. Un enfant naît dans la famille ; Léo Latil écrit à la jeune mère :

Je vous félicite. Comme le poilu est un objet qui n’est pas du tout incassable, il faut bien songer à le remplacer. Et puis c’est une joie de penser que nous nous battons pour tous ces petits qui auront une vie tranquille et libre.

Ce cœur, rappelé vers la maison d’Aix-en-Provence ou dispersé dans la nature, demeure pourtant fidèle au bataillon et ponctuel dans le métier :

Je voudrais que vous vissiez le cortège des poilus qui reviennent des tranchées à l’arrière ; ils ont de longues barbes et de longs cheveux ; ils sont vêtus de boue, appuyés sur des cannes et portent sur le dos un curieux et volumineux attirail de couverture, d’outils, de plats de campement. On dirait que tous les pauvres de toutes les rues et de toutes les routes, que tous les misérables se sont formés en cortège ; mais leur moral est si beau que nous avons toujours envie de les acclamer…

… Je fais mon apprentissage de sergent. Rien de