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quand il venait de son beau Midi, a senti comme ce petit Provençal le ciel du Nord, mais que faisaient-ils, ces grands peintres, de leur enivrement agreste ? Léo Latil le transforme en vertu. « Je veux délivrer ces coteaux, ces bois aux ondulations harmonieuses qui sont derrière les tranchées ennemies. » Il le dit et le répète. Et cette fusion des impressions calmes et suaves, des bois de Meuse avec un cœur plein de sacrifice nous émeut jusqu’à la douleur. Ce petit soldat résout la difficulté que l’on croyait voir entre le culte de la nature et le christianisme héroïque. L’immolation, l’esprit de sacrifice nous semblaient inconciliables avec l’adoration de cette enchanteresse. Combien aisément il soumet le grand Pan au divin crucifié ! La beauté du ciel, des bois et des rivières de la terre française lui fournit des motifs en supplément pour accomplir son devoir.

Et de même les souvenirs de la vie de famille, les lettres quotidiennes d’où s’ex-