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qui a développé en moi ces sentiments dont je tire orgueil, sans pouvoir dire pourquoi.

Je suis fier d’être soldat, d’être jeune, de me sentir brave et plein d’entrain ; je suis fier de rendre service à mon pays, à la France… La fidélité au drapeau, l’amour de la patrie, le respect de la parole donnée, le sentiment de l’honneur ne sont pas pour moi des mots creux et vides de sens ; ils résonnent comme un appel de clairon dans mon cœur de dix-huit ans, et c’est pour eux, s’il le devient nécessaire, que je saurai aller jusqu’au bout du sacrifice… (Lettres communiquées.)

Des milliers de voix, toutes pareilles, s’élèvent des classes 14, 15, 16, 17 à mesure que la patrie les appelle (17). Un jeune gradé, chargé en novembre 1914, de l’instruction des Marie-Louise, normands et bretons, à la caserne de Saint-Lô, leur demande de faire la page d’écriture habituelle. Sujet : vos impressions en arrivant au dépôt. Voici, prise au hasard, une de leurs copies :

Tremblez, Allemands, la France vient de lever à la hâte son plus grand espoir, la classe 14. Ils ont vingt ans. Des gosses, direz-vous ; que peuvent-ils