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vous tous, mes petits frères et sœurs, vous faites comme moi votre devoir. Mon devoir à moi, c’est de me battre bravement ; le vôtre, le tien, c’est de travailler aussi avec courage. Si peu, si petit que tu sois dans la grande France, tu te dois à toi-même de te cultiver pour te grandir, t’enrichir, t’ennoblir. Après la guerre, il manquera à la France des intelligences, des pensées, des bras : c’est vous, les gosses d’aujourd’hui, qui serez la jeunesse de demain. Il faut que tu puisses remplacer alors un des soldats morts pour la patrie… (Lettres communiquées.)

Léo Latil, fils d’un médecin d’Aix-en-Provence, sergent au 67e d’infanterie, qui va mourir pour la France à vingt-quatre ans, écrit à sa famille :

Les sacrifices seront bien doux, si nous avons une victoire bien glorieuse et s’il y a plus de lumière pour les âmes ; si la vérité en sort plus claire, plus aimée… Il ne faut pas perdre de vue que nous allons nous battre pour de grandes choses, pour les plus grandes choses. De toute façon, la victoire que nous aurons sera une victoire des forces de l’idéalisme… (Lettres publiées par Henri Brémont, chez Bloud.)