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Déjà nous les avons croisés, dans les divers groupes que nous venons de parcourir, ces « bleuets » de toutes familles, enfants lumineux, pleins de vie, aimant la nature, leurs parents, la patrie, et acceptant si bien de mourir. Mais je voudrais faire voir leurs regards tournés vers l’avenir.

Ce regard, d’une pureté inoubliable, qui interroge à l’horizon, non pas leur propre destinée, mais celle de la patrie, comment le rendre sensible ? En vain, de toute ma piété, je chercherais à recueillir leur accent, le son de leur âme ; soudain, avec déplaisir, c’est ma voix qu’on entendrait. Le mieux est de faire sortir des rangs (et pris aux quatre coins de la France) quelques-uns d’eux, et qu’ils parlent, qu’ils nous laissent saisir sur leur visage même, sans intermédiaire, leur bonne volonté prodigieuse et leur accord profond avec le sacrifice que réclame la patrie. Écoutons ces petits soldats, aimés de leurs camarades, ignorés des chefs, confondus dans le rang,