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premières communautés, groupées dans les catacombes, dans un pauvre faubourg, et dont les fidèles, plus unis que des frères, vivaient de la même foi et des mêmes espérances. Enfin les misères de la guerre produisent une vie en commun, un collectivisme de la tranchée. Cela touchait les révolutionnaires. Le socialisme est sorti de la misère. Ils disaient : « Nous vivons, sous la mitraille, en République sociale. Si l’on prolongeait cette fraternité, il n’y aurait plus besoin de lutter les uns contre les autres… »

L’horreur du présent rejetait tous ces hommes vers l’avenir, le leur ou celui de leurs enfants. Ils mêlaient leurs rêves, leurs plaintes, leurs plaisanteries et tout le répertoire de leurs chansons. La plus grossière même, s’il en est, ne choquait personne. On connaît le camarade qui l’entonné ; on l’a vu souffrir, être un brave ; on sait que son âme est simple, pure, fraternelle. Tout s’achevait et s’épurait dans la