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faire du tort et de dénaturer leur figure en insistant sur la part d’angoisse qui peut se trouver dans les cœurs les plus braves. Pour donner une couleur vraie, il faut mêler aux teintes sombres l’or, l’argent, l’azur, la joie. Les jeunes gens surtout n’accepteraient pas que l’on tût cette fierté si belle qui gonfle leur âme. Un pasteur, M. Jospin, a bien noté leur regard d’ardente bonne volonté, ce trait lumineux, cette sorte d’allégresse que l’on voit dans leurs yeux la veille du départ. « Ces jeunes gens, dit-il, aiment la vie d’une façon extraordinaire et ils vont au sacrifice avec un naturel, une simplicité magnifique. Jamais je n’ai si bien vu le pont entre cette vie et la suite. » (Lettre communiquée.)

Eh bien ! ces jeunes soldats aussi, dans leur allégresse, ont besoin d’amitié. Ils semblent avoir hâte de se dire les uns aux autres ce que la vie et la mort soulèvent en eux de réflexions. Les classes 15, 16, 17