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nous unissant à nos parents dans l’espérance, à nos amis dans l’amitié profonde, à nos ancêtres dans la foi. »

Mais, le plus souvent, les soldats calvinistes, trop isolés pour rien organiser, entrèrent dans la chapelle catholique. Pourquoi les juifs eux-mêmes n’y fussent-ils pas venus ? Ils ont donné ce Dieu au monde. Cette fête célèbre un souvenir de Judée, la crèche de Bethléem, une première heure très pure. Et puis, aujourd’hui, sur les pentes du Calvaire de France, Israël est mêlé aux enfants du Christ. L’église chrétienne ouverte à tous, chante et prie devant tous, pour tous, sans demander à personne ses raisons. Chacun y peut songer, s’attendrir, s’enchanter à sa guise, et quand le prêtre entame le Pater noster, qui donc fermerait son cœur ? C’est la prière authentique du Christ. L’incroyant y trouve tous ses vœux formulés depuis deux mille ans. Comment se refuserait-il la douceur de répéter avec la foule,