Page:Barrès - Les Diverses Familles spirituelles de la France, 1917.djvu/216

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec émotion. Il leur remettait un petit paquet, et surtout sa visite rappelait les jours heureux, les scènes de la vie de famille. Un grand nombre de croyants communièrent dans la boue.

Sur toute la profondeur des lignes, c’était la même activité religieuse, plus complète à mesure que le terrain se faisait plus calme. B. E…, aumônier de division, entre dans une grange où les brancardiers sont en train de masser les pieds des éclopés. Çà et là on l’appelle ; il se glisse comme il peut et s’étend sur la paille, à côté des malades, pour recevoir leur confession. Dans la nuit il revient avec sa table, son calice, sa chasuble. Ceux qu’il réveille, sur qui même il marche, s’impatientent. « Allons, les gars, c’est pour la messe de minuit. » La bonne humeur prend le dessus. Le prêtre, avec ses bottes et sa grande chasuble dorée, se tient debout devant l’autel, dans la paille. Tous entonnent avec lui le Noël chrétien, et puis son