Page:Barrès - Les Diverses Familles spirituelles de la France, 1917.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Metternich et Haller ont vu qu’il y a des vérités générales providentielles qu’on ne changera pas. Par exemple, il existe un équilibre de force entre les puissances sociales, et le fort domine toujours le faible. C’est la vérité profonde et divine ; elle ne peut pus être renversée ; elle peut être troublée, mais passagèrement ; l’équilibre se rétablit toujours ainsi. Or les forts sont ceux qui disposent de la force militaire ; ce sont les hobereaux, la classe sélectionnée pour le service des armes.

Marx recueille cette doctrine pour en prendre exactement le contre-pied. Il affirme la même vérité générale : il n’y a pas de justice. Et contre la justice ses sarcasmes abondent. Il se soumet à la force, reine de la vie universelle. Seulement, la force n’est plus où on la voyait ; elle est passée aux mains de ceux qui hier étaient dominés. Les maîtres de la veille doivent s’agenouiller à leur tour et subir. Ils n’ont plus qu’à remâcher leurs regrets.