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lique, celui-là les Églises protestantes, cet autre la République sociale, cet autre enfin la libre pensée. Chacun d’eux confond avec la France sa religion ou sa philosophie… Ô miracle, ils ont tous raison !

Les catholiques ont raison de croire que la victoire allemande eût marqué un amoindrissement grave du catholicisme. Qu’eût été la religion imposée à l’Europe occidentale ? Il est difficile de le dire, mais vous connaissez le rêve prussien et son brutal appétit de domination. Le catholicisme, ou du moins ce qu’on eût consenti à garder sous ce nom, aurait été domestiqué, réduit en esclavage. Les catholiques redoutent l’esprit germanique, sa philosophie et sa critique biblique. Là-dessus, on a beaucoup brodé depuis le commencement de la guerre ; c’est possible que le plus grand nombre des catholiques d’outre-Rhin ne soient ni kantistes, ni hypercritiques, et que l’on ait exagéré leur modernisme, mais ce qu’on ne dira jamais trop, c’est leur superstition du pou-