Page:Barrès - Les Diverses Familles spirituelles de la France, 1917.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fier que le général nous ait jugés dignes de cet effort.

Si Dieu veut que j’y reste, que sa volonté soit faite. Ma seule douleur, mon seul regret sera de penser à la peine que vous fera ma mort. Mais pourquoi pleurer, nous nous retrouverons un jour tous ensemble, un peu plus tôt, un peu plus tard.

Je vous demande, si je suis tué, à être enterré là où, je suis tombé. Je ne veux pas que l’on m’enferme dans un cimetière où l’on étouffe. Je serai mieux et plus à ma place de soldat dans la terre de France, dans un de ces beaux champs pour lesquels je donne ma vie, je vous le jure, avec joie. J’ai appris à aimer cette terre française, ces pays magnifiques, qui sont nôtres ; depuis la guerre, en les parcourant, j’ai appris la poésie des grandes plaines sous le chaud soleil, ou la beauté d’un couchant sur les bois lorrains, et il m’est doux de penser qu’au moins pour une fois dans ma vie, j’aurai servi à quelque chose.