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tu que les soldats de Napoléon aient souffert autant que nous ? »

Le 29 novembre 1914 :

Nous avons reçu deux cents bleus de la classe 1914 et le drapeau tout déchiré de balles et d’obus leur a été présenté par le commandant de Villantroy, commandant le 66e. Celui-ci, dans une allocution, nous raconte qu’un colonel de cavalerie est venu le trouver en lui disant : « Monsieur, combien je vous envie et quelle gloire pour vous de commander un tel régiment ! J’ai écrit à mon fils ! Si tu rencontres jamais un soldat du 66e d’infanterie, salue-le bien bas, car dans ce régiment tous les hommes sont des héros ! » Et le commandant ajouta : « Je préfère être commandant du 66e que roi ou empereur. 66e, je vous salue (et il a enlevé son képi) et je vous admire ! » Que ne ferait-on, après des mots comme ceux-là et avec des chefs comme lui ? Nous pleurions tous. Nous avons eu à Poelcapelle cinq régiments de la garde prussienne qui, les uns après les antres, sont venus se briser sur le 66e. Le 9e corps a tenu en échec pendant vingt jours trois cent cinquante mille Boches sans perdre un pouce de terrain.

Ces textes purs et lumineux n’ont que faire que je les commente. Je les pose à même sur