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d’un bras. À peine sur pied, en octobre, il avertit son père :

Obtenu d’être évacué demain comme guéri, sans convalescence. Serai sur le front avant huit jours. Tu verras, je reviendrai en bonne santé, et puis, même si je mourais, je trouve que c’est une si belle mort qu’elle est enviable. Vive la France !

Le 16 novembre 1914, il écrit de Wlamertinghe :

Les officiers ont été réunis aujourd’hui par le général, qui les a félicités de l’héroïsme du régiment. Notre drapeau va être décoré. Cela a été très dur, le 13 et le 14 ; nous sommes restés dans les tranchées à 30 mètres des Boches, sous le feu des bombes qu’ils envoient avec des canons à ressort et qui font des trous comme des maisons. Nous étions dans la boue liquide jusqu’à mi-cuisse, et la nuit la glace se formait, nous immobilisait ! Quel enfer et quel cauchemar ! Tous nous sommes prêts à sacrifier notre vie, mais les balles et les obus ne sont rien à côté de la pluie… Au régiment, il reste cinq officiers de l’active.

C’est peu de jours après que cet enfant écrivait à sa mère cette phrase d’une intensité de romanesque si profonde : « Crois-