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vements d’une jeune âme. Ses violences contiennent un élément de douleur et de tristesse. Elles me font songer au granit des Vosges, qui a cette qualité mystérieuse d’exhaler une odeur de violette.

Huit jours avant la grande offensive de Champagne, huit jours avant qu’il mourût, Henri Lagrange, sur une route en arrière d’Auberive, se trouva face à face, soudain, avec un de ses compagnons d’émeute, le chansonnier Maxime Brienne. Les deux jeunes soldats étaient là au repos avec leurs régiments, attendant l’heure de l’attaque. Quelle joyeuse émotion pour les deux amis qui jadis avaient fondé ensemble le journal Leurs Figures, et qui ne s’étaient pas vus depuis le 4 août 1914 ! Ils causèrent, et peu après Maxime Brienne envoya à son ami Tournay, qui me l’a transmise, une relation de ce suprême entretien.

Je laisse à cette page curieuse sa couleur romaine, son accent à la Saint-Just, toute la sainte exaltation de ces jeunes hommes