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temps ; et maintenant, à la grâce de Dieu ! si je meurs, ce sera en bon Français, vous pourrez en être fière !

Et tout de suite il constate que « les obus et les balles sont physiquement moins difficiles à affronter que les coups de canne ». La guerre est son élément. « Nous avons été vaincus ; pour moi ce n’est que demi-surprise, avait-il écrit à sa mère, au lendemain de la bataille de Charleroi ; il faut résister jusqu’au dernier homme et au dernier sou. C’est la seule façon de s’en tirer. »

Comme il aime, cet adolescent, à déployer sa volonté froide ! qu’il est heureux de promener son regard tranquille sur un horizon plein de dangers ! De mois en mois, jusqu’en octobre 1915 où il tombera, il ne cesse de répéter :

Une guerre pareille… Deux ans, dix ans, vingt ans… Sait-on quand elle finira ? Si elle finit avant un an, il faudra s’armer de nouveau et se préparer résolument, car cette paix-là serait dès maintenant condamnée à n’être pas définitive, à n’imposer aucune solution acceptable. En effet, les Allemands occu-