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C’est remarquable et de qualité noble, ce souci de construire sa vie comme une œuvre d’art, pour qu’elle soit féconde. Joseph Hudault, toutefois, ne considère pas seulement sa vocation propre ; il y a aussi la vocation de la France. Un jour, sur son carnet de soldat, il note :

Avec ma manie de chercher à comprendre les autres, même les ennemis, j’ai découvert une grande beauté au rêve colossal de conquête de ce peuple allemand qui, l’âme embrumée par son tabac et sa musique, s’est rué sur nous et a failli nous asservir par sa discipline et son héroïsme. Je les hais cordialement, mais seulement parce que leur destinée est opposée à la nôtre…

Ainsi, voilà son double devoir (qu’il justifie et perfectionne par sa croyance catholique), c’est d’accomplir sa mission propre et de collaborer à celle de la France.

Au début de la guerre, Joseph Hudault avait trente-trois ans. Parti comme sergent de réserve au 102e d’infanterie, il fut blessé, dès le 16 septembre 1914, à Tracy-le-Mont,