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qui touche, je ne me laisserai pas emporter par le tourbillon du siècle, ni tenter par le désordre universel, cet orgueil de vouloir devancer les saisons que la Providence a fixées aux mondes, ce défaut dont vous savez bien que la société souffre, s’énerve et s’anémie. Qu’on ne fasse pas grief au jeune laboureur que je suis, s’il travaille encore un sol nu, à peine verdoyant l’été viendra avec ses blés mûrs et plus tard l’automne avec ses vendanges… Il est un temps d’apprendre…, un autre d’instruire…

Mais c’est un homme total qu’il voulait être, agissant par sa vie aussi bien que par son esprit. Et voici comment il dressait son programme.

La vie à la campagne me semble être la plus normale, la plus féconde pour travailler, la plus propice pour offrir aux miens un véritable foyer, une demeure qui ne soit pas un appartement d’occasion, la plus hygiénique pour le physique et le moral d’une famille, celle enfin où l’on peut donner à sa maison le plus de sens. L’ombre d’un clocher est nécessaire sur les toits du village, celle aussi d’un château. De l’absence de celle-ci et parfois de celle-là, nos campagnes lorraines se vulgarisent… L’ordre, voilà la volonté de Dieu. Que chacun l’établisse dans sa sphère, là où son influence est possible et non autre part, qu’il ait mission céleste