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Ma chère maman, écrit-il en date du 12 juillet, remerciez Dieu du grand miracle permanent qui me protège. Je viens de perdre ma compagnie presque en entier et tous mes gradés, sauf deux. Je reste debout pour récolter à nouveau la gloire que me vaut l’héroïque sacrifice de mes braves. Voilà ma compagnie citée à l’ordre de l’armée pour la troisième fois depuis le 9 mai… Les mêmes généraux, mêmes spectateurs qu’en mai, sont venus cette fois-ci eux-mêmes m’embrasser. C’est à l’ambulance, par exemple, car j’ai le tympan perforé et l’enclume fêlée. Cela fait souffrir, mais je ne suis pas fatigué.

Il lui fut donné de revenir en permission à Mirecourt, au mois d’août. Il multiplia ses visites à tous les lieux chers de son enfance. « La veille du départ, un dîner d’adieu fut donné sur son désir dans la campagne du Haut de Chaumont, et il voulut s’asseoir sous la charmille en terrasse qu’il aimait, de manière à voir la ville. Il paraissait songeur. Sur la remarque qu’en fit une de ses sœurs, il dit à voix basse à son voisin : « C’est que je veux contempler Mirecourt pour la dernière