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les expériences de l’instituteur, de l’homme « en proie aux enfants », comme il disait, et de l’honnête homme en proie au scrupule. Je ne m’inquiète pas beaucoup de ce qu’il met en arguments logiques. Mais que de beautés morales ! Je regarde se former en lui un chant qui ne jaillit pas, mais dont le murmure peut instruire et faire vivre ses frères. Penseur ? Je ne sais pas. S’il s’agit de vertu, c’est un maître.

Que le peuple refuse de parvenir, que la bourgeoisie renonce à son parvenir : la paix française est établie à jamais… Refusant de parvenir, l’homme est beaucoup plus fermement lié à la famille de son père et de sa mère : on peut dire qu’il ne la quitte pas et qu’elle soutient son esprit ou son cœur à chacun de leurs battements. Refusant de parvenir et même par le travail, l’homme en arrive à tenir bien davantage à son travail ; il conçoit son métier… comme le moyen de contribuer à l’institution de la justice. Refusant de parvenir, l’homme qui travaille pour le peuple d’où il est sorti par l’éducation, où il revient par le sacrifice, apprend à le préférer dans ses vertus et se promet de le guérir de ses vices… Dès lors, un élargissement se produit du métier à la classe, de la classe