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cal mis à part, les Lamennais, les Proudhon. Thierry, comme ce dernier, appartenait au peuple. Son père est un ouvrier maçon du 17e arrondissement. Lui-même, voulant être instituteur, se donna pour tâche d’entretenir chez les fils et les filles des prolétaires la fidélité au prolétariat.

Nous avons dit comment le digne ouvrier français respecte en lui-même une qualité de bon travailleur, une aptitude à créer qui est le résultat d’une longue sélection, le fruit de sa propre vie et des vies de ses aïeux. Un esprit comme Thierry, quand il se trouve au bout d’une lignée pareille, arrive à en faire la théorie ; c’est la réflexion de l’activité la plus pure de la classe ouvrière. Il en vient à donner à ce respect du travail manuel une nuance presque religieuse. Conférez telle page bien belle d’Andler sur une nouvelle moralité socialiste (dans la Civilisation socialiste, chez l’éditeur Marcel Rivière). Il y a du renoncement moral dans ce respect du métier,