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s’écroulent, si nous n’avons pas chacun la paix en dedans de nous-mêmes. »

À ces mots inattendus d’un révolutionnaire, je m’arrête. Ce ne sont plus là des réflexions de cabinet, des aperçus, des vues, des ingéniosités, mais bien des choses que cet homme a éprouvées avec tout son être. Je désire entendre ; je m’assieds au talus du fossé auprès de ce Vauvenargues de la retraite de Charleroi.

Que savons-nous d’Albert Thierry ?

« Une mâchoire serrée, des yeux où rayonne une flamme claire, un orgueil prompt à s’offenser », ainsi le décrit Paul Desjardins, qui l’a beaucoup connu et aimé. C’était une conscience pure et dure. Ses amis se souviennent de lui, aussi loin qu’ils regardent, comme d’un homme fait. Il n’avait pas eu d’adolescence, me disent-ils. Ce trait immédiatement nous emporte dans ces profondes parties de notre race (plus estimables qu’agréables) qui produisirent les Arnauld et tout le monde janséniste, Pas-