Page:Barrès - Les Diverses Familles spirituelles de la France, 1917.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

battants (mai-juin 1916, 21, rue Visconti) les carnets où Albert Thierry, instituteur syndicaliste et le plus violemment sincère des syndicalistes, crayonnait comme un testament ses suprêmes pensées de politique et de morale et recherchait quelle justice doit être réalisée dans le monde pour que la paix définitive s’établisse. Cinq petits traités nobles et naïfs, ailés et trébuchants, l’éducation d’un oiseau, je veux dire un effort pour aller en plein ciel et mieux voir.

Thierry meurt, rend l’esprit avant que son esprit ait conquis la maîtrise de ces grandes hauteurs. Comprendre dans quelles conditions la paix s’établira entre tous les États et dans chaque État, c’est une entreprise qui passe l’horizon d’un soldat et d’un instituteur. Je l’écoute mieux quand il veut faire la paix entre les Français, car ici son expérience propre est valable.

Les Français d’après l’an XV, dit-il, qui se sont tenus un an par la main depuis la mer du Nord jusqu’au Rhin, quels que fussent d’ailleurs