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d’études, jusqu’à devenir un des meilleurs linguistes de l’école de Meillet, et, au moment de la déclaration de guerre, il se trouvait au Pamir, occupé à déchiffrer des textes sogdiens, pareils à ceux que M. Pelliot a déposés à la Bibliothèque nationale. Aussitôt il se met en route. À son passage à Petrograd, on lui offre de servir dans l’armée russe : il refuse, arrive en France, rentre dans le rang comme lieutenant, se bat sur l’Yser et partout avec le glorieux 20e corps. Une blessure au front qu’il reçoit, quand un obus jette bas son gourbi, le fait longtemps et terriblement souffrir, puis il meurt. Voilà l’homme. J’ajoute que socialiste, il connaissait parfaitement les ouvriers socialistes. Or, voici ce qu’il disait : « S’il y a de la rouspétance chez les hommes, il faut les prendre par l’amour-propre. Dans les moments difficiles, quand le geste d’autorité tout sec ne donnerait rien de bon, je m’adresse à la plus forte tête, je lui explique mon idée sur le terrain :