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nul n’avait lutté avec autant de dévouement et d’intelligence ». Le 9 janvier 1915, à cinq heures et demie du matin, au lendemain du premier combat de Crouy et lors de la prise de l’éperon 132, un sous-officier demanda un volontaire pour inspecter les abords de la tranchée. Lapierre monta sur le talus, son fusil à la main. Ayant aperçu l’ennemi, il tira tant qu’il eut des munitions ; au moment où il allait rejoindre ses camarades, une balle lui traversa la tête et blessa son lieutenant qui se trouvait à son côté. Son capitaine, dans la lettre où il annonce sa mort, déclare qu’il est « glorieusement tombé en vendant chèrement sa vie ». Peu avant cette belle fin, Lapierre avait écrit à ses amis de l’Humanité cette page testamentaire :

Nous sommés soldats des armées de la République menacée par le militarisme allemand, mais nous restons tous inébranlablement attachés à notre grand idéal et à l’organisation qui en est la forme vivante… Socialistes au cœur humain et au sentiment généreux, nous avons un devoir sacré à rem-