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leurs pieds demi-gelés, leurs mains gourdes, leurs âmes.

Pierre Génin, libre penseur, antimilitariste, ne veut pas voir dans la guerre, qu’il exècre, une défaite de ses idées, mais une occasion solennelle de les défendre et d’en assurer le triomphe.

Je pars vaillamment, écrit-il, avec l’espoir que notre dévouement, et peut-être notre sacrifice serviront à nos enfants. Puissent-ils, eux, vivre la paix que nous avons rêvée. Si notre jeunesse, si notre force servent à assurer leur existence d’homme, nous nous serons battus pour notre idéal qui reste vivant, souriant, à travers les éclairs et le tonnerre. Dans la tourmente, cet idéal ne fait pas faillite. Et maintenant, bon pied, bon œil contre les barbares. (Lettre citée par M. Séailles dans l’Union morale de janvier 1915.)

En septembre 1914, M. Génin mourait au champ d’honneur.

Les socialistes définissent Edmond Lapierre, « un des meilleurs d’entre les militants de la jeune génération », et disent que « dans la région d’Ivry et de Villejuif,