MM. de Lesseps et Cie venaient de traiter avec la Compagnie anglo-hollandaise Cuttbill, de Lunge, Watson et Van Hathum pour le percement de la Culebra. Cette société faisait construire à Liège de puissants excavateurs : Bouteiller conseilla la dépense de les transporter à Paris et d’appeler sur eux la curiosité publique. M. de Lesseps, au milieu des acclamations des ouvriers, visita en grande cérémonie ces formidables machines. Bouteiller avait donné la série des thèmes à développer dans les journaux. Les excavateurs eurent une bonne presse et émerveillèrent le public : le 25 juillet 1885, M. de Lesseps obtint de l’assemblée générale des actionnaires l’autorisation de contracter un nouvel emprunt de six cent millions Un an plus tard, c’est vrai, il versait aux Anglo-Hollandais six millions d’indemnité pour résilier le contrat, mais il n’avait pas dépendu de Bouteiller que la mise en scène qu’il avait réglée à Paris fût suivie d’une mise en train à Panama. Dans la collaboration limitée qu’on lui avait demandée il s’était inspiré des intérêts de l’entreprise et les avait servis de cette manière qui devait, partout où il passait, rapidement le rendre indispensable.
Il faut dire qu’en cette circonstance il avait employé une des forces dont sa puissante volonté, depuis sept ans, s’appliquait à se munir. En 1878, quand le jeune professeur avait approché pour la première fois Gambetta, il avait admiré que ce chef connût le pays comme un chasseur de village connaît à forêt. On pouvait citer devant le grand orateur chaque personnage un peu remuant de France ou d’Algérie, immédiatement il répondait : « Oui, un tel ! il aura tant de voix ; et si un tel le combat, il tombera