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UNE ANNÉE DE LUTTES

tionnaire, rallié depuis vingt-quatre heures. Comment se fait-il que certains individus nés à Francfort, à peine naturalisés, soient tout puissants dans les ministères et notamment à la Guerre ? C’est un scandale. J’espère que nous n’aurons plus à y revenir. »

Racadot courut à l’imprimerie. La note parut dans le numéro du lendemain. Renaudin la porta aussitôt rue Murillo.

— Baron, dit-il, je m’excuse de vous avoir présenté mon confrère de la Vraie République. Il aura été mécontent de l’accueil un peu sévère qu’il a trouvé à la Compagnie. Ce n’est pas un mauvais homme, mais il est inexpérimenté. Voilà une attaque que je me charge d’arrêter.

Le banquier lut le journal et se méfia d’une demande d’argent.

Renaudin, pour donner de l’autorité à la Vraie République, expliqua, qu’elle était rédigée par des élèves, des disciples de Bouteiller.

— J’ai pour M. Bouteiller la plus haute estime, interrompit Reinach ; nous le verrons dans la prochaine Chambre, il y prendra une grande place.

Renaudin, après une conversation prolongée autant qu’il put, se leva et dit :

— Enfin, cher monsieur, pour la note, soyez tranquille, il ne paraîtra rien. Mais que ma démarche reste entre nous. Et pour tout faciliter, soyez donc absent, si le propriétaire de la Vraie République se présente ici.

— Entendu, mon cher Renaudin. Croyez qu’à l’occasion je serai enchanté de vous être agréable. Vous êtes un garçon de valeur et d’esprit.