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LES DÉRACINÉS

santes d’administrateur, esprit abstrait, orienté vers le socialisme par son peu de goût des individualités. À la gauche opportuniste : Ollendorff, dont la parole chaleureuse, la bonne humeur étaient connues partout, depuis le siège de Paris, où il avait figuré à l’âge de quinze ans ; Joseph Reinach, Théodore Reinach, omniscient, Ledru, avocat, très ferré sur les questions financières ; Henry Deloncle, doué d’une facilité inouïe pour parler de n’importe quoi. Au centre gauche : Royer-Collard, neveu du grand, âgé d’une cinquantaine d’années, et qui patronnait les jeunes, s’attardant à les reconduire pour causer plus abondamment de la conférence, qu’il prenait au sérieux ; Prache, républicain catholique, taciturne et fort en droit.

À la droite monarchique : Auffray, qui avait discipliné son parti, comme Laguerre à l’extrême gauche : qualités de commandement, dialecticien très vigoureux ; plus catholique que monarchiste ; on devait beaucoup attendre d’un tel homme ; Lamarzelle, professeur à l’Université catholique, aimé comme orateur et comme galant homme ; Deville, bon avocat d’affaires ; beaucoup de jeunes figurants titrés.

À la droite bonapartiste, un monde très remuant, divisé, mais en majorité victorien : Gaulot, littérateur, orateur spirituel ; Las Cases, avocat de grand talent ; Rendu, ancien officier… Dureau, secrétaire de M. de Mackau, hésitant entre les monarchistes et les bonapartistes, traitait les questions d’affaires.

Suret-Lefort dénombra tout ce personnel, où il distinguait surtout Laguerre et Auffray ; puis il s’attacha à mettre en valeur un grand débat sur la revision de la Constitution qui était alors l’essentiel