substitue le plus possible des protestants et des juifs dont beaucoup possèdent encore des habitudes héréditaires opposées à la tradition nationale. Sturel, Rœmerspacher, laisserez-vous confondre avec sa caricature de sacristie une religion d’une puissance de vie sociale incomparable et qui depuis des siècles anime ce pays ?
— Écoute, mon bon Saint-Phlin, répondit Rœmerspacher, ce n’est pas nous qui avons créé cette confusion ! Suret-Lefort constate qu’elle existe. D’autre part, est-ce ma faute si mon intelligence se refuse à croire à une révélation, alors même qu’elle reconnaît l’utilité de l’admettre ?… Ne compliquons pas la discussion ; quant à moi, j’admets pour notre santé sociale la nécessité de rattacher à un principe sacré nos mœurs pénétrées de l’Encyclopédie : fortifier et unifier la nation par un sentiment religieux, les grands penseurs de la première moitié de ce siècle en furent préoccupés. Si Bouteiller y parvenait, son ton qui nous fait hausser les épaules serait légitime.
Suret-Lefort s’entêtait :
— J’admire le génie sentencieux de Robespierre, mais il a échoué ! La tradition de notre pays est politique, rien de plus. Nous sommes un pays de gouvernement. Que la République montre de l’autorité, voilà tout le nécessaire ; c’est chimère de chercher une force dans je ne sais quel sentiment religieux qu’annulera toujours le sarcasme d’un Vadier.
Sturel et Saint-Phlin debout protestaient violemment. Rœmerspacher les pria de remarquer qu’un accord était possible :
— Saint-Phlin a dit un grand mot : « Nous, Lor-