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BOUTEILLER PRÉSENTÉ AUX PARLEMENTAIRES

journalistes, de députés, une atmosphère de fête, — c’est qu’à chacun d’eux, en même temps qu’à l’ensemble du parti, il a rendu un immense service. Il les a soulagés d’une lourde charge. Ils disent le mot banal : « C’est un homme de gouvernement. » Pressez-les de s’expliquer, vous entendrez, vous devinerez du moins leur pensée essentielle : « Enfin, nous avons fait faillite ! »

M. Jules Ferry est le syndic intelligent de cette opération à laquelle les avaient acculés des promesses imprudentes. Il a donné à ses amis, à son parti, une série d’expédients pour qu’ils demeurent en apparence fidèles à leurs engagements et paraissent s’en acquitter, cependant qu’ils se rangent du côté des forces organisées et deviennent des conservateurs. Aux yeux des grands financiers qui sont là, c’est un homme admirable.

On entend des résumés comme celui-ci :

— Laissez donc. L’opinion ! des réformes ! des progrès !… On est allé, croyez-moi, aussi loin que possible… Nos électeurs ne demandent pas que nous fassions quelque chose du pouvoir, mais seulement qu’il ne soit pas aux mains d’une autre classe — supérieure ou inférieure — qui, elle, s’en servirait.

Quel que soit l’enthousiasme à tendance dictatoriale suscité par M. Ferry, l’intrigue parlementaire subsiste pourtant. Ici même, ce n’est point une simple réunion de ferrystes. Non loin de MM. Raynal, ministre des Travaux publics, et Baïhaut, sous-secrétaire d’État, qui, appuyés par MM. Léon Renault et Rouvier, défendirent éloquemment les six grandes Compagnies, un petit monde entoure M. Wilson,