s’agite comme frissonne chaque feuille du platane ; mais il serait agréable et noble, d’une noblesse et d’un agrément divins, que les feuilles comprissent leur dépendance du platane et comment sa destinée favorise et limite, produit et englobe leurs destinées particulières. Si les hommes connaissaient la force qui sommeillait dans le premier germe et qui successivement les fait apparaître identiques à leurs prédécesseurs et à ceux qui viendront, s’ils pouvaient se confier les lois du vent qui les arrachera de la branche nourricière pour les disperser, quelle conversation d’amour vaudrait l’échange et la contemplation de ces vérités ?… D’avoir approché, à côté de M. Taine, en union avec M. Taine, et d’un cœur modeste mais ému, ces problèmes de l’universel et de l’unité, naît pour Rœmerspacher un contentement joyeux et d’une qualité apaisante et religieuse. Il voudrait être relié avec tous ses semblables, leur communiquer et s’approprier dans l’allégresse, cette curiosité que ne peuvent manquer d’inspirer les lois de la nature, et en même temps cette soumission à laquelle elles ont droit.
Cette visite, ce contact d’un homme illustre avaient trop vivement animé l’adolescent. Il lui fallait communiquer ses impressions. À qui ? au plus digne. Il courut chez Sturel, tremblant de ne pas le trouver. Au premier mot de cette merveilleuse nouvelle, l’avide jeune Lorrain le serrait dans ses bras. Quoi de nouveau allait apparaître dans leur vie ?
Rœmerspacher, ému, rapporta fidèlement les détails de la conversation et de la promenade.