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LES DÉRACINÉS

pente de ses appétits, cet individu implacable et correct. De plus, à souligner ce défaut de bon sens, nous trouverons un enseignement utile de psychologie politique.

CARACTÈRE D’UN GRAND JOURNALISTE PARLEMENTAIRE

Dans cette longue file de politiciens que, tout le long de l’histoire récente de notre parlementarisme, nous voyons s’acheminer vers Mazas, l’intéressant d’un Portalis et qui lui compose d’abord une figure balzacienne, c’est qu’il possède un beau nom, de la fortune, du tempérament, tout ce qu’on peut trouver dans un berceau, et que pourtant, par une suite absolument logique, sa destinée le mène en correctionnelle, à la ruine et au déshonneur.

Il fait partie de l’équipe chargée du maniement de l’opinion pour le compte du parlementarisme français, les Camille Dreyfus, les Canivet, les Magnier, les Henry Maret, les Eugène Mayer, les Edwards, les Hébrard, cohorte intelligente que les difficultés de la vie ont décimée. Mais avec un commun idéal mercenaire et cynique, ces messieurs présentent des nuances. L’ex-directeur de la Vérité n’est pas de ces gens grossiers, menés par leur fringale et leur verve bourbeuse, et qui, après un instant de fortune excessive, trouvent une fin qu’on avait toujours jugée vraisemblable : s’il fait la culbute, il trompera les premiers pronostics.

Frappé avec le même coin que les autres, mais dans une matière plus noble, il est pourtant un sou mieux venu. Il offre l’attrait d’une forte figure qui peu