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UN HOMME LIBRE

seulement à l’aube, afin de marquer cette grande journée de quelques traits singuliers parmi l’ordinaire monotonie de notre retraite (car il faut considérer qu’un décor trop familier rapetisse les plus vives sensations).

Quand nous fûmes assis dans les deux ganaches de la cheminée, toutes lampes allumées et le feu très clair, Simon, qui sans doute attachait une grande importance à ces premières démarches de notre régénération, était ému, au point que, d’énervement presque douloureux mêlé d’hilarité, il fit, avec ses doigts crispés en l’air, le geste d’un épileptique.

Je notai cela comme un excellent signe, et je sentis bien les avantages d’être deux, car par contagion je goûtai, avant même les premiers mots, une chaleur, un entrain un peu grossier, mais très curieux.

Et d’abord parcourons, lui dis-je, les lieux où nous avons demeuré.

Dans le groupe de la famille (c’est-à-dire au milieu de ces relations que je ne me suis pas faites moi-même), j’ai péché :