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UN HOMME LIBRE

sentir ; c’est ici un laboratoire de l’enthousiasme. Et non moins énergiquement que tirent les grands saints du christianisme, proscrivons le péché, le péché qui est la tiédeur, le gris, le manque de fièvre, le péché, c’est-à-dire tout ce qui contrarie l’amour.

L’homme idéal résumerait en soi l’univers ; c’est un programme d’amour que je veux réaliser. Je convoque tous les violents mouvements dont peuvent être énervés les hommes ; je paraîtrai devant moi-même comme la somme sans cesse croissante des sensations. Afin que je sois distrait de ma stérilité et flatté dans mon orgueil, nulle fièvre ne me demeurera inconnue, et nulle ne me fixera.

C’est alors, Simon, que, nous tenant en main comme un partisan tient son cheval et son fusil, nous dirons avec orgueil : « Je suis un homme libre. »