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DÉDICACE

Parce qu’il détaille ces principes et les illustre de petits exemples empruntés à l’ordinaire de l’existence, mon livre, je crois, est appelé à rendre service.

Quelques amis que j’ai dans la politique m’ont affirmé qu’aux siècles derniers les esprits de notre race, je veux dire les esprits religieux, se plaisaient à faire des prosélytes. Ils enfermaient parfois les esprits épais dans une chambre de fer chauffée au rouge. Le matérialiste en était réduit à sauter précitamment sur l’un et l’autre pied, jusqu’à ce qu’il eût modifié sa conception de l’univers. C’est ainsi que la Providence en agit encore aujourd’hui pour nous rendre idéalistes. Notre sentiment élevé du problème de la vie est fait de notre inquiétude perpétuelle. Nous ne savons sur quel pied danser.

Dans cette disgrâce je goûte un plaisir réel. Chercher continuellement la paix et le bonheur, avec la conviction qu’on ne les trouvera jamais, c’est toute la solution que je propose. Il faut mettre sa félicité dans les expériences qu’on institue, et non dans les résultats qu’elles semblent promettre. Amusons-nous aux moyens, sans