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UN HOMME LIBRE

III
méditations sur l’anecdote d’amour

Il ne faut pas que je me plaigne de cette déchéance subie durant quelques jours. L’humiliation m’est bonne, c’est la seule forme de douleur qui me pénètre et me baigne profondément. Le danger de mon machinisme, parfait à tant d’égards, est qu’il me dessèche.

Cette anecdote d’amour me sera pour plusieurs mois une source de sensibilité ; elle me rappellera combien il est urgent que je me bâtisse un refuge. Et puis cette belle expérience que je viens de créer, je pourrai à mon loisir la répéter. Désormais je connais la voie pour être émoustillé, attendri, voire libidineux comme sont la plupart des hommes et des femmes.

Mon rêve fut toujours d’assimiler mon âme aux orgues mécaniques, et qu’elle me chantât