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UN HOMME LIBRE

Seule, elle a pu me faire prendre quelque intérêt, à la vie extérieure. Elle était pour moi, habitué des grandes tentures nues, un petit joujou précieux, un bibelot vivant. Et comme son parfum brouillait avec mon sang toutes mes idées, je goûtais des choses vulgaires, je cancanais un peu et j’étais fat à la promenade.

Les petits tableaux qui raniment le souvenir que je lui garde sont au reste fort rares. Elle ne m’a jamais rien dit de mémorable, ni de touchant ; c’est peut-être que je ne l’écoutais guère ? L’ayant abordée avec le simple désir de me donner quelque amertume et de reprendre du ton, j’ai habillé selon ma convenance et avec un art merveilleux le premier objet à qui j’ai plu. Elle n’est qu’un instinct dansant que je voulus adorer, pour le plaisir d’humilier mes pensées.

Comme elle était venue me surprendre, un