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UN HOMME LIBRE

qu’il n’était marqué dans mon programme… Ce genre d’émotions est assez connu pour que je n’en fournisse pas la description.

Dans ce désarroi de mon système, à défaut de ma volonté, quelques gestes dont j’avais pris l’habitude toute machinale me sauvèrent. Cela est louable, mais je ne puis m’en glorifier : en réalité j’étais désarmé ; ses mains fiévreuses avaient forcé le tabernacle de mon vrai Moi. Tandis qu’intérieurement j’étais profané, je parus encore servir avec orgueil mon Dieu. Ce fut une suprême journée. Comme moi, elle était à limite. De découragement, soudain, elle abandonna la partie ; elle m’avait vaincu, et ne le sut jamais.

Mais n’est-ce pas aussi que je la fatiguais par la monotonie de mes propos ? Mon égotisme, outre qu’il est peu séduisant, ne se renouvelle guère. — Ou bien fut-elle décidée par des choses de la vulgaire réalité ? J’ai peut-être un dédain excessif des nécessités de la vie…

Toutes les inductions sont permises, mais hasardeuses, sur ces rapports d’homme à femme. Fréquemment, pour me procurer de