Page:Barrès - Le culte du moi : un homme libre.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
218
UN HOMME LIBRE

Elle avait de la générosité de cœur, et, malgré sa vanité, un convenable bohémianisme. Autrement son sourire n’aurait-il arrêté ? Deux ou trois fois, dans notre jeu sentimental, nous nous sommes touchés à fond, et soudain presque sincères, nous cessions notre intrigue pour vouloir nous aimer bonnement. Nous aurions pu goûter, à l’écart, quelques semaines de vraie satisfaction.

Mais quoi ! tant de sentiments délicats, que j’ai acquis par de longs efforts méthodiques, dès lors me devenaient inutiles ! Pouvais-je accepter de me réduire à la petite sensibilité sensuelle de ma vingtième année ! Renier, pour la première fois, la journée de Jersey !

Quelque irraisonnable que cela fût, tels étaient ses yeux cerclés de fatigue charmante, quand elle se soulevait d’entre mes bras, que je cédais à mon goût pour cet objet, plus