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xv
préface

l’humilier. Une de mes thèses favorites est de réclamer que l’éducation ne soit pas départie aux enfants sans égard pour leur individualité propre. Je voudrais qu’on respectât leur préparation familiale et terrienne. J’ai dénoncé l’esprit de conquérant et de millénaire d’un Bouteiller qui tombe sur les populations indigènes comme un administrateur despotique doublé d’un apôtre fanatique ; j’ai marqué pourquoi le kantisme, qui est la religion officielle de l’Université, déracine les esprits. Si l’on veut bien y réfléchir, ce ne sera pas une petite chose qu’un traditionaliste soit demeuré attentif aux nuances de l’individu. Aussi bien je ne pouvais pas les négliger, puisque je voulais décrire une certaine sensibilité française et surtout agir sur des Français. Mon mérite est d’avoir tiré de l’individualisme même ces grands principes de subordination que la plupart des étrangers possèdent instinctivement ou trouvent dans leur religion. Les jeunes Français croient en eux-mêmes ; ils jugent de toutes choses par rapport à leur personne. Ailleurs, il y a le loyalisme ; chez nous, c’est l’honneur, l’honneur du nom qui fait notre principal ressort. Mes contem-