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UN HOMME LIBRE

VENISE
sa beauté intérieure, sa loi qui me pénètre

Heureux les yeux qui, fermés
aux choses extérieures, ne con-
templent plus que les intérieu-
res.

Enfin, je connus Venise. Je possédais tous mes documents pour dégager la loi de cette cité et m’y conformer. Le long des canaux, sous le soleil du milieu du jour, je promenais avec maussaderie une dyspepsie que stimulait encore l’air de la mer. (On est trop disposé a oublier que Venise, avec sa langueur et ses perpétuelles tasses de café, est légèrement malsaine.) Les photographies inévitables des vitrines avaient fait banales les plus belles images des cloîtres et des musées. Seule, la tristesse de mon restaurant solitaire m’émou-