Page:Barrès - Le culte du moi : un homme libre.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
UN HOMME LIBRE

Ainsi m’enseigna le Vinci, tandis que je le priais au Brera, étant accoudé sur la rampe de fer qui entoure la salle. La figure que son crayon traça a le sourire qui pardonne à tous les Judas de la vie, elle a les yeux qui reconnaissent dans les actions les plus obscures la direction raisonnable de Dieu, elle a le pli des lèvres qu’aucune amertume n’étonne plus.

Étant descendu avec ces pensées, je rejoignis ma voiture, et tandis qu’une triste humidité tombait sur la ville, enveloppé dans un grand manteau de voyage, je me pris à songer.

Je vis nettement qu’un second problème se greffait sur le premier :

1° Dans ma cellule, j’avais fait une enquête sur moi-même, j’étais arrivé à embrasser le développement de mon être ; mais j’avais été préoccupé de mon imperfection avant tout.

2° Il s’agit maintenant de prêter à l’homme, que je suis, la beauté que je voudrais lui voir ; il faut illuminer l’univers que je pos-