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UN HOMME LIBRE

Par un jour de pluie, j’entrai dans le cabinet du Brera ; et la Tête du Christ, par le Vinci (l’étude au crayon rouge pour le Christ de la Cène), ne me laissait rien voir d’autre.

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Cette journée fameuse, dont la vertu chaque jour grandit en moi, me confirme dans la méthode que j’entrevoyais depuis Haroué.

Plus jeune, par une matinée sèche d’hiver florentin, ralentissant ma promenade sur le Lung’Arno, en face des collines délicates et presque nerveuses, j’ai suivi le même ordre de réflexions. Je sortais de voir au Pitti la Simonetta, maîtresse fameuse du Magnifique, peinte par Botticelli. Combien d’efforts il me fallut d’abord pour goûter sa beauté malingre de jeune fille moricaude ! Dans la suite, je vins à l’aimer ; au premier regard, elle ne me donnait que de la curiosité. Il en advint ainsi de moi-même devant moi-même. Jusqu’à cette heure, je fus simplement curieux de