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UN HOMME LIBRE

L’imitation des hommes les meilleurs échouait à me hausser jusqu’à toi, Esprit, Total des émotions ! Lassé de ne recueillir de mes intercesseurs que des notions sur ma sensibilité, sans arriver jamais à l’améliorer, j’ai recherché en Lorraine la loi de mon développement. À suivre le travail de l’inconscient, à refaire ainsi l’ascension par où mon être s’est élevé au degré que je suis, j’ai trouvé la direction de Dieu. Pressentir Dieu, c’est la meilleure façon de l’approcher. Quand les Barbares nous ont déformés, pour nous retrouver rien de plus excellent que de réfléchir sur notre passé. J’eus raison de rechercher où se poussait l’instinct de mes ancêtres ; l’individu est mené par la même loi que sa race. À ce titre, Lorraine, tu me fus un miroir plus puissant qu’aucun des analystes où je me contemplai. Mais, Lorraine, j’ai touché ta limite, tu n’as pas abouti, tu t’es desséchée. Je t’ai une infinie reconnaissance, et pourtant tu justifies mon découragement. Jusqu’à toi j’avais sur moi-même des idées confuses ; tu m’as montré que j’appartenais à une race incapable de se réaliser. Je ne saurai