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UN HOMME LIBRE

population cruellement diminuée, les vides étaient comblés par des Allemands, domestiques et autres hommes de bas métier, dont fut épaissie la verve naturelle de ma race, de cette noble race qui repoussait le protestantisme (admirable résistance d’Antoine aux bandes luthériennes, en 1523).

Si je défaille, ce sera de même par manque de vigueur et non faute de dons naturels. Nous avons, mon ami et moi, les plus jolis instincts pour nous créer une personnalité. Saurons-nous les agréger ? Les barbares s’imposeront peu à peu à nos âmes à cause des basses nécessités de la vie ; j’entrevois les meilleures parties de nos êtres, qui s’accommodent, tant bien que mal, de rêves conçus par des races étrangères.