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UN HOMME LIBRE

dans son sentiment. C’est, au résumé, un Lorrain des premiers temps, mais avec toute la fièvre inquiète d’un peuple qui va mourir.

Charles IV ne nous montre qu’un trait nouveau, le désir de paraître ; c’est qu’il avait été élevé à la cour de France, et que les circonstances le forcèrent toute sa vie à vivre parmi les étrangers ; or nous avons vu le caractère, l’art lorrains, toujours craintifs de paraître ridicules, prendre l’air à la mode. Par-dessous sa brillante chevalerie, c’était essentiellement un capitaine brave et gouailleur, sachant plaire sans effort aux hommes simples, l’un d’eux vraiment, comme on le vit bien, après cette fleur de jeunesse à la française, dans sa tenue de vie et dans ses projets de mariage qui scandalisèrent si fort Paris et Versailles, sans qu’il s’émut le moins du monde. Le malheur l’avait remis dans la logique de sa race.

C’est du haut de Sion, pèlerinage jadis fameux, aujourd’hui attristé de médiocrité, que, moins distraits par le détail, nous prenons une possession complète de la grandeur et de la décadence lorraine. Devant nous,