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UN HOMME LIBRE

réjouissait à quelques petits déboires de ses ennemis, tels que des évasions de prisonniers, et surtout prenait son plaisir aux bons tours de l’extraordinaire Charles IV.

Étrange fou, que produisit ce pays raisonnable dans les violentes convulsions de son agonie ! Il semble que Charles IV ait gâché en une vie toute l’énergie qui, dépensée sagement dans une suite d’hommes, eût été féconde en grandes choses. C’est le va-tout d’une situation désespérée, d’une race qui sent l’avenir lui manquer. En Charles IV, il y a pléthore, qualités lorraines à trop haute pression, mais il ne contredit pas les caractères de sa race.

Ce merveilleux aventurier, avec les tresses blondes de ses cheveux pendants et ses souples voltiges d’écuyer devant les femmes de Louis XIII, était sagace, pratique, d’éloquence simple, et pas chevaleresque le moins du monde. Il avait le don de plaire à tous, mais se gardait de tous. Ce fantasque, ce railleur qui ne sut même pas s’épargner dans ses bons contes, ce perpétuel irrésolu désirait violemment, et souvent il demeura ferme