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UN HOMME LIBRE

cial et prenant le bel air de France ou d’Italie.

Pourtant, le palais ducal, modifié dans le goût Renaissance et dont les quatre cinquièmes ont disparu, nous fait voir un côté de l’âme lorraine, l’esprit gouailleur ; une gouaillerie nullement rabelaisienne, jamais lyrique, mais faite d’observation, plutôt matoise que verveuse. C’est de la caricature, sans grande joie. Le sec Callot, sec en dépit de l’abondance studieuse de ses compositions, appartient à la jeunesse de la race ; le grouillement et l’émotion des guerres qu’il a vues le soutiennent. Mais Grandville, si mesquin et pénible, devait être le dernier mot de cette veine qui n’aboutit pas. On la sent pourtant bien personnelle, la malice de ce petit peuple ; si cette race eût été heureuse, elle possédait l’élément d’un art particulier. Les légendes, chansons, anecdotes, la finesse si particulière de ses grands hommes, et même aujourd’hui le tour d’esprit des campagnards établissent bien qu’un certain comique se préparait. Cette verve, toujours un peu maigre, épuisée par les guerres et l’éloignement des artistes, alla se desséchant. Il ne resta plus de cette promesse qu’une ten-